Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
G.B.
Dans une récente rubrique parue dans Le Monde, le 11 mars dernier, Philippe-Jean Catinchi livre une analyse pertinente du livre de Mustapha Cherif consacré à l'Émir Abdelkader (L'Émir Abdelkader, apôtre de la fraternité, éditions Odile Jacob, 180 p., 21,90 €).
Il retient de cet ouvrage que l'émir était “un maître spirituel que l'épopée coloniale française a réduit à la stature d'un guerrier fameux (...) champion de la résistance algérienne lorsque la monarchie de Juillet envahit son pays”.
Il résume, en termes forts, le portrait que Mustapha Cherif dresse d'Abdelkader : “penseur, croyant et visionnaire (...) apôtre de la fraternité qui appelle à une discipline de la droiture, (...) maître soufi, savant et moraliste, avant de se résoudre à être un guerrier, patriote inflexible”.
Le célèbre épisode de la Prise de la smala est évidemment évoqué sous un aspect peu connu : lors du “pillage du campement, disparait la bibliothèque de l'émir philosophe, quelque 5 000 livres et manuscrits rares, ouvrages inestimables, détruits dans ce que Mustapha Cherif ne craint pas d'appeler un génocide culturel”.
C'est l'occasion, pour l'auteur, “de stigmatiser sans appel la négation du patrimoine arabo-berbéro-musulman dans la guerre totale menée par Bugeaud, gouverneur général de l'Algérie”.
Rappelons qu’Abdelkader fut reçu franc-maçon en Égypte en 1864.
