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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

« Quinzinzinzili », le n°44

Annus horribilis. C’est sous ce titre que s’ouvre, après l’éditorial d’Olivier Messac le numéro 44 de Quinzinzinzili, l’indispensable revue qui, autour de l’œuvre de Régis Messac défend bec et ongles, l’autre littérature. Cette année 2020 aura vu en effet disparaître nombre de piliers de cette activité de défense et illustration de la littérature populaire, proches et/ou collaborateurs de la revue.

Olivier Messac fait part des difficultés qui se  sont ajoutées au Covid, imprimeur avec qui il y eut rupture, tarifs postaux exorbitants, etc. Mais ce n’est pas parce que la période est instable culturellement, politiquement et socialement qu’il faut baisser les bras. Quinzinzinzili continue, un peu en retard, mais nul ne lui en voudra. Tout le monde a été secoué. Nous en savons quelque chose, cher Olivier.

Quant aux disparus, il sont Marie-France Dautun, journaliste, autrice, militante socialiste ; Pierre Lambert, dit Lamy, peintre du réalisme fantastique ; Dominique Kalifa, historien, spécialiste des représentations de la criminalité ;Joseph Altairac, habitué de l’émission Mauvais genre sur France Culture, grand spécialiste de science-fiction et dont une photofigure en couverture, ici reproduite, de ce numéro 44 ; Jean-Pierre Moumon, anthologiste, éditeur et traducteur ; Daniel Cordier, ancien maurassien devenu bras droit de Jean Moulin à la tête de la Résistance.

La série des hommages continue avec l’article de Jean-Luc Buard sur François Truchaud, qualifié de passeur de l’imaginaire, coordonnateur d’un Cahier de l’Herne sur Lovecraft. Il écrivit également une préface pour Dagon et autres récits de terreur et traduit en français avec Jacques Bergier L’épouvante en littérature. De Jacques Bergier, l’un des animateurs de Planète, Truchaud était le disciple. Jean-Luc Buard le considère comme un passeur qui procéda également à la traduction de La fin de l’Atlantide et La Naissance du Monde de Robert E. Howard.

Jean-Luc Buard, décidemment plus prolifique que jamais propose ensuite un « article souvenir », Alias Oncle Jo où il rend hommage à Joseph Altairac en un parcours dans le monde de la bande-dessinée où l’on retrouve Jacques Bergier.

Suit un retour sur Régis Messac avec la reprise d’un article en forme d’hommage écrit il y après d’un demi-siècle, en décembre 1974 par Jacques Guiod et Alain Lacombe, au moment où émergeait l’œuvre de l’écrivain, père de Ralph et grand-père d’Olivier.

On lira  après cela un article de Régis Messac sur « l’élément rationaliste dans le roman noir » où il part de The Castel of Otranto écrit par Horace Walpol en 1764 qui est considéré comme le premier roman gothique (Adeline Sarrut vient de publier sur ce sujet Les romans gothiques anglais). Régis Messac considère que le roman de Walpol est à la fois médiocre et raté et il se sert de son incontestable culture pour noter les progrès qui furent fais dans ce registre par d’autres auteurs. Nous nous permettons de reproduire un passage particulièrement éclairant :

«  Certes, après deux siècles remplis par le règne de la raison, il reste encore dans l’âme d’obscurs besoins de frissonner, mais ce besoins-mêmes sont circonscrits par la raison, et leur satisfaction elle-même sera soumise aux exigences de la raison ; On veut bien jouer aux fantômes, encore faut-il que ces fantômes demeurent soigneusement cantonnés dans les coins obscurs et ne s’aventurent point dans la zone éclairée par l’impitoyable lumière d’une raison désormais incorporé au bon sens, sous peine de s’évanouir ou de n’être plus que des mannequins ridicules »

Anne Gabriel continue avec l’Univers messacquien en insistant sur le fait que l’informatique aura permis la mise en place de micro éditions dont témoignent les éditions Plein chant qui ont publié un recueil sur l’histoire du lycée Hoche à Versailles et des œuvres de René Bonnet, le Limousin de Paris.

Signalons enfin le rappel par Noëlle Renart de ce que fut l’expérience de Radio Cœur d’Acier à Longwy, radio locale de la Confédération générale du travail (CGT) à la charnière des années 1970 et 1980 et qui fut démolie par une charge de gardes mobiles en 1981 après des querelles entre cégétistes ouverts et staliniens.

En résumé, voici encore un numéro très riche d’une revue lancée en janvier 2008, qui montre, entre autres aspects que l’œuvre laissée par Régis Messac est presque inépuisable, nonobstant l’univers dont il est une référence glorieuse. Rappelons en effet qu’il fut tué par les nazis et que jamais son corps ne fut retrouvé.

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