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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

« Fayard, éditeur populaire » - Rocambole 101-102

Jean-Pierre Bacot

Daniel Compère a encore fait un travail de Titan en signant plusieurs articles dans ce numéro de Rocambole qu’il dirige et qui est consacré à la première partie d’une large étude sur « Fayard, éditeur populaire » qui le porte jusqu’en 1920. Bien évidemment, la suite relèvera d’une prochaine parution. Cette célèbre maison d’édition a été créée en 1857 par Arthème Fayard à Paris, rue du Saint Gothard, en s’assignant une double mission : publier des romans historiques et des romans vendus par livraisons. Portant le même prénom que son père, le fils succèdera au père en 1895. Il développera à la fois des collections et des périodiques.

Après avoir tracé l’historique de cet éditeur qui atteignit rapidement le stade industriel, Daniel Compère cède la plume à Robert Bonaccorsi qui nous renseigne sur ce qu’aura été son idéologie, la défense du populaire amenant progressivement Fayard au populisme, dans un contexte délétère, à travers le boulangisme et, encore plus grave, l’antidreyfusisme. Les nombreux articles qui suivent traitent de diverses collections et nous présentent des auteurs aujourd’hui oubliés, pour la plupart.

Takashi Yasukawa s’intéresse au phénomène de la censure chez Fayard, avec le cas de La Porteuse de pain de Xavier de Montépin. En 1907, deux ans après la fameuse loi de séparation des Églises et de l’État, « les réducteurs de textes », Arthème Fayard au premier chef, qui n’est ni catholique ni anticlérical, profite des nécessités éditoriales des collections populaires pour gommer les références explicitement religieuses.

Jean-Luc Buard considère que le passage des romans par livraison aux fascicules choisi par Fayard aura constitué une véritable révolution éditoriale, bousculant la politique de prix et élargissant le lectorat, avant que Daniel Compère ne revienne sur l’immense succès que suscita la collection « le Livre populaire », dans sa première période (1896-1914). Alain Fuselier (Alfu) s’intéresse pour sa part à l’activité de Fayard dans les années qui suivirent, pendant la Grande Guerre. Ces deux piliers de la revue établissent au passage la liste des auteurs « fayardisés », avant que Buard, autre poids lourd de la rédaction qui, lui non plus n’aura pas chômé dans la réalisation de ce numéro, ne s’attaque aux publications de l’éditeur étudié destinées à la jeunesse.

Suit une petite, mais passionnante revue d’auteurs oubliés et remis en lumière pour l’occasion : Louis Noir ou l’invention des super-héros, par Christophe Marécaille ; Jules Mary, Zévaco et Georges Maldague, par Daniel Compère.

Alfu continue à oeuvrer avec une étude d’une série satellite de Fayard, les œuvres de Ponson du Terrail, l’inoubliable auteur du personnage qui donna son nom à la revue.

Vincent Mollet va chercher la fille de ce grand producteur d’imaginaire et sa rencontre avec un grand ténor d’origine marseillaise, Jacques Marius, dit Jules Puget, mais parle aussi d’un neveu indigne.

Viennent ensuite les précieuses et traditionnelles rubriques « révélations » et « rétrofictions », avant que Patrick Ramseyer ne poursuive sa carrière de détective en traquant les pseudonymes. Il en est à son onzième épisode. On trouve in fine quelques précieuses notes de lecture. Bref, une revue, une vraie, telle qu’on les aime.

Signalons que tous les numéros de la revue jadis trimestrielle seront désormais doubles, et ce dans un double but, nous explique la rédaction : se donner davantage de temps pour préparer les dossiers et réaliser des économies sur les frais d’expédition, ce que l’on peut comprendre, eu égard aux conditions devenues très dures pour les revues, qui restent pourtant des outils indispensables à la vie culturelle et qu’il convient donc de soutenir activement.

Editions Encrage : chaque numéro (double) 30 euros.

contact@lerocambole.fr

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