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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

« Que l’aube devienne supportable » de Marie-Thérèse Mutin

Marc Gauchée

Le titre de l’ouvrage de Marie-Thérèse Mutin, Que l’aube devienne supportable  (éditions Mutine, 2023), est le dernier vers de la chanson de Catherine Ribeiro La nuit de errants (1980). Ce choix témoigne que ce livre s’inscrive seulement en partie dans la lignée de ses écrits politiques précédents dont, par exemple, Une lente agonie

Certes, il y est bien question de ces nuits blanches de militantisme au sein du Parti socialiste, quand Marie-Thérèse Mutin est élue 1ère femme responsable d’une fédération du PS, de 1977 jusqu’en 1990. Mais l’autrice constate assez vite la dérive d’un parti où les statuts sont de moins en moins respectés, où les militants s’écharpent de plus en plus pour une bonne place plutôt que pour un bon projet alors que les victoires électorales se profilent dès la fin des années 1970. Dans les réunions, « à aucun moment le débat n’a porté sur ce que ces jeunes gens voulaient faire au poste convoité ; ils voulaient un titre ! Un titre qui les sortent de l’anonymat, de la masse ». Et si le soir du 10 mai 1981 qui a vu François Mitterrand accéder à la présidence de la République, elle reconnaît que « notre joie était pure, sans calcul... », elle ajoute qu’« elle fut de courte durée ». Car la victoire présidentielle et législative change le centre du pouvoir : « avant 1981, le parti contrôlait ses élus, à présent les élus contrôlent le parti ».

Mais l’originalité de l’ouvrage tient en ce qu’il quitte peu à peu le terrain politique pour celui de la poésie avec d’autres nuits blanches, celles passées auprès de Catherine Ribeiro lorsque la chanteuse s’entaille le cou avec son Opinel ou se tire dans la gorge avec un pistolet à grenaille. Comme l’écrit Marie-Thérèse Mutin, « à partir de 1984, avec Catherine Ribeiro, je plonge dans le monde angoissé de l’insensé, de l’irrationnel. Là, pas de statuts protecteurs ! Il faut naviguer à vue... à la nuit la nuit ! ». C’est aussi là qu’elle commence à écrire d’autres textes que politiques. Peut-être pour rendre l’aube plus supportable. Au jour le jour.

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