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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Ces idées [qu’on croit] venues d’ailleurs : l’« Alt-Right » américaine

Julien Vercel

L’Alt-Right est l’abréviation d’alternative right. L’expression a été utilisée pour la première fois en 2008, par Paul Gootfried fustigeant la politique extérieure jugée trop interventionnisme et l’axe entre les États-Unis et Israël jugé contraire aux intérêts américains. Comme le précise Stéphane François : « Cette mouvance n’est pas de ‘droite’, mais d’extrême-droite, à tendance suprémaciste blanche ». Elle est issue du « paléo-conservatisme » dont l’un des précurseurs fut Roger Pearson qui a fondé la « Ligue nordique » en 1957, le Journal of Indo-EuropeanStudies en 1972 et l’Institut pour l’étude de l’homme. D’autres chercheurs comme Samuel Francis, ont échafaudé des théories pour démontrer la nécessité de préserver la « race blanche » et son lien indissociable avec la culture et la civilisation occidentales.

Divergence sur le conservatisme

L’origine politique remonte à 1964, lorsque le candidat républicain Barry Goldwater, ultralibéral, inégalitaire et hostile au multiculturalisme, se présente comme le liquidateur de tout l’héritage démocrate, notamment issu du New Deal rooseveltien parce qu’il se serait écarté de l’esprit des pères fondateurs de la nation. Mais cette tendance conservatrice, par son isolationnisme, s’oppose bientôt à l’autre tendance conservatrice, celle des « néo-conservateurs » qui parviennent à évincer les héritiers de Barry Goldwater, même si Pat Buchanan est candidat à l’investiture républicaine à deux reprises, en 1992 et 1996.

Une mouvance plus qu’un mouvement

Mais l’éviction du devant de la scène politique n’empêche pas l’Alt-Right de poursuivre son chemin idéologique, créant sa contre-culture, son explication du monde et ses propres références. Dès les années 1970, l’extrême droite américaine traduit et importe les écrits de la Nouvelle droite française. En 2011, la création de la revue North American New Right scelle ces liens, faisant dire à Stéphane François que « Nous sommes plutôt face à une extrême-droite euro-américaine ». Paul Gottfried, lui-même, tisse des liens entre les extrême-droites européenne et américaine : il est ainsi le correspondant de Nouvelle école, la revue « savante » de la Nouvelle droite d’Alain de Benoist.

L’Alt-Right et Donald Trump

Les discours de Donald Trump recoupent plusieurs thèmes défendus par l’Alt-Right : la volonté de rétablir les frontières ; la dénonciation de la politique au Moyen-Orient ; un certain suprémacisme blanc où la culture occidentale et le règne de l’homme blanc seraient menacés par les immigrés, les complots voire la démocratie libérale… Il faut toutefois noter qu’à la différence de l’Alt-Right, le nouveau président américain ne voit pas d’un mauvais œil un État fédéral puissant.

L’Alt-Right n’est donc pas une création médiatique, mais bien un courant ou une mouvance politique qui enjambe l’Atlantique. Elle est née avec les évolutions de la droite européenne, se nourrissant de ses écrits. Elle en garde ainsi certains traits communs comme la croyance de l’origine polaire de la « race blanche » et l’antimodernité. La « coloration » américaine peut  se reconnaître à la présence d’un néo-paganisme plus marginal en Europe.

SOURCES :

FRANÇOIS Stéphane, « Qu’est-ce que l’Alt-Right ? », Fondation Jean Jaurès, Note, 12 avril 2017

PARIS Gilles, « L’Alt-Right, les droitiers contrariés de l’Amérique », Le Monde, 8 septembre 2016

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