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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Mythes et mythologies

Rédac'

Avec leur Dictionnaire critique de mythologie (CNRS éditions, 2017), Jean-Loïc Le Quellec et Bernard Sergent nous offrent un ouvrage impressionnant à plusieurs égards. Il s’agit d’un livre de près de 2000 pagesimprimé sur papier bible, sur deux colonnes dont toutes les entrées ont été rédigées par les deux auteurs, soit environ 1400 entrées, concernant plus de 1300 peuples... Cette somme représente un travail de plus d’une décennie, sans cesse réactualisé. Chaque entrée est accompagnée d’une riche bibliographie à jour. Il s’agit d’un exploit intellectuel lorsqu’on connaît la difficulté pour un chercheur à rester à jour dans la masse de publications qui parait sans cesse. L’ouvrage se décompose de la façon suivante : « Introduction » (pp. IX-XIV), « Conventions » (pp. XV-XVI), « Abréviations usuelles » (XVII-XVIII), « Remerciements » (p. XIX), « Notices alphabétiques » (1-1364), « Bibliographie » (pp. 1365-1540), qui ne regroupe que les ouvrages utilisés pour la rédaction des notices (une bibliographie plus qu’impressionnante d’ailleurs), « Liste des entrées par domaines » (pp. 1541-1554) qui présente différences polices : en gras, les auteurs ; en italique, les concepts, en romains les grands mythes, facilitant une recherche précise. La bibliographie générale est complétée par des références complémentaires qui suivent les biographies des mythologues.

Il s’agit d’un livre novateur, et, n'hésitons pas à le dire, sans égal dans le monde : s’il existe en effet de nombreux dictionnaires consacrés aux dieux et aux mythes d’un secteur géographique déterminé (Grèce, Rome, Égypte ancienne, monde celtique, Scandinavie, Chine, Inde, etc), s’il existe également des encyclopédies de mythologies et d’histoire des religions, il n’en existe pas ayant l’approche de celui-ci. Il s’agit d’un tableau d’ensemble de la science mythologique qui s’organise autour de trois axes : les mythes, les mythologues (avec des notices bio-bibliographiques) et les concepts.

L’« Introduction » est passionnante, car elle présente et explique au lecteur les motivations des auteurs. Surtout, elle présente l’état des lieux de la recherche mythologique aujourd’hui, en France, comme dans le reste du monde. Contrairement aux autres ouvrages sur les mythes, ce Dictionnaire n’a pas d’entrées géographiques ou ethniques. Il propose aussi de se pencher sur le folklore, les contes et les croyances, souvent méprisés. Cet ouvrage n’est donc pas un dictionnaire de mythologie -ou des mythologies- classique. Ainsi, il n’a pas d’entrées consacrées aux dieux et aux héros de la mythologie gréco-latine, ni à leurs homologues égyptiens, aztèques, celtiques, germaniques ou babyloniens. Par contre, il donne une large place aux thèmes mythiques, choisis pour leur large répartition, qui recouvre en général plusieurs continents. Par exemple, l’entrée « Androgyne » est présentée dans ses différentes époques et ses différentes aires de formulations (Mésopotamie anciennes, Iran, Grèce, Asie, Afrique, Océanie-Indonésie, Amérique, accompagnée, à chaque fois, d’une bibliographie). Cette approche comparatiste est passionnante, car elle offre une nouvelle vision de la mythologie, avec les entrées sur les concepts, associés aux mythes (temps, histoire, langue, toponymie, paysage…) ou élaborés par la recherche mythologique. À chaque fois, les concepts sont accompagnés d’exemples, permettant leur compréhension.

Autre point fort de l’ouvrage (mais il y en a tant…) : les notices bio-bliographiques des pionniers des études mythologiques (Georges Dumézil, Claude Lévi-Strauss, Stith Thompson, Antti Amatus Aarne, Jean-Pierre Vernant, Germaine Dieterlen, Alexander Haggerty Krappe, Marcel Griaule, Georges Devereux, etc). Ces pionniers sont replacés dans leur contexte historique et scientifique. Ces entrées comprennent également une évaluation critique de ces auteurs. Ainsi, Eliade dont les recherches sont marquées par l’ésotérisme antimoderne de René Guénon, est qualifié de « philosophe et romancier ». Les auteurs reviennent sur son mysticisme antichrétien et son militantisme politique au sein de la Garde de fer de l’extrémiste de droite Corneliu Codreanu. Chaque notice est suivie d’une bibliographie de l’auteur, sa bibliographie posthume et sa filmographie le cas échéant.

Si cet ouvrage est très érudit, il reste parfaitement compréhensible par le non spécialiste qui sera aidé par les nombreux renvois d’une note à l’autre. Il s’agit également d’un précieux outil de travail pour les étudiants et les chercheurs. Ce travail constitue  une somme que tout amateur de mythes et de mythologies se doit de posséder en sa bibliothèque.

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M
A si il ne me plait pas, je suis remboursé ? Au vu de l'édito c'est une nouvelle merveille du monde ^^
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