Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
Joaben, le 11 de France
Onzième numéro pour Joaben qui propose pour son millésime de juillet 2018 un dossier sur « Allégories, mythes, symboles et socialisation ». Jean-Paul Escadre, Yves Bannel, Jean Xech, Frédéric Sanche, Paul Leblanc, Colette Léger et Cécile Révauger y participent. Diverses contributions cherchent à relier les rituels issus du XVIIIème siècle à un engagement sociétal aujourd’hui. Mais ils restent très vagues quant aux options choisies tant philosophiques que politique, ce qui nous déçoit dans la grande recomposition que nous vivons, comme ils sont peu diserts sur le cadre géographique de leur expression.
Ceci posé, on constate avec intérêt la présence de plumes féminines depuis quelques temps dans cette revue des hautes autorités du rite français « rite de fondation de la franc-maçonnerie du siècle des Lumières ». Colette Léger propose une lecture ordre par ordre des processus de socialisation qu’elle inscrit dans un cadre laïcisé. Colette Révauger revient quant à elle sur la très française « Amazonerie anglaise », hauts grades des loges d’adoption préfigurant avant la Révolution à la fois la mixité et la féminité maçonniques.
La qualité des illustrations reste exceptionnelle, y compris lorsqu’il s’agit des œuvres du dessinateur Gustave Osso au tout début du XXème siècle : des caricatures antimaçonniques produites pour le périodique L’Assiette au beurre aujourd’hui très recherché, surtout par les victimes de ces charges graphiques.
L’abonnement à Joaben est proposé à 22€ par an pour deux numéros, tarif dégressif jusqu’à 18€ pour les abonnements groupés.
Le Glossaire du maçon
Utile ? Non, indispensable ! Certains de nos lectrices et lecteurs auraient-ils quelques dizaines d’années de pratique maçonnique, nul n’est à l’abri d’une interrogation sur le sens d’une notion ou d’une abréviation, surtout quand cela concerne un autre rite que celui que l’on pratique. « Entéléchie », « Gnomique », « KYCH », il y a de quoi se remettre à jour dans ce petit ouvrage que nous propose Jean-Philippe Baudel. Et attention, cet auteur n’est rien moins que Grand maître mondial de l’ordre maçonnique de Memphis et Misraïm. Le livre fait 89 pages, un peu moins que le nombre de degrés de cette famille. Ce 89° degré, tiens, justement, c’est le Parfait pontife sublime maître du grand œuvre (PPSMGO). Vous l’aviez oublié ?
Voici donc un texte à mettre entre toutes les mains gantées de blanc, à quelque degré que leurs propriétaires appartiennent.
Pierre Philippe Baudel, Le Glossaire du maçon, symboles et symboliques du temple, éditions Bussière, 14€50.
La tradition en général
Mettre la tradition au singulier signe une conception pan-spiritualiste globalisante très écossaise. La biographie de l’auteur par ailleurs très prolixe du livre La Voie, exposé général de la tradition qui ouvre le volume paru chez Dervy renseigne, pour 20€, sur cette orientation. Patrick Négrier fut membre de la Grande loge de France, il est grécisant, hébraïsant, et s’intéresse aux philosophies orientales. Il a fréquenté l’Église dite vieille catholique de la confession d’Utrecht, a quitté la maçonnerie en 2003 et se réclame de Gurdjieff. Tout étant dans tout, le propos de Patrick Négrier est de proposer une manière de christianisme ésotérique, quelque part post-guénonien.
