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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

« Le Rocambole », 85ème

Jean-Pierre Bacot

En politique, à ce qui se dit par les temps qui courent, au cas où l’on voudrait éviter un développement exagéré du populisme, mieux vaudrait ne pas se désintéresser du peuple. Pour ce qui concerne la recherche dite à juste titre académique, c’est un peu la même chose. Si l’on cherche à diminuer ne  serait-ce qu’un tant soit peu la puissance de Disneyland, il convient d’étudier sérieusement des titres comme Le Journal de Mickey. C’est ce que nous propose la dernière livraison de l’indispensable Rocambole.

 

L’éditorial nous rappelle que ce titre célébrissime dont il sera expliqué d’entrée de jeu qu’il relève bien du populaire dans toutes les acceptions du terme, est arrivé en 1934 sur le marché français. Il fut créé par Paul Winkler, lequel avait proposé auparavant quelques préfigurations, notamment dès 1930 pour Le Petit parisien, « les aventures du souriceau malicieux », le personnage de Mickey Mouse étant né aux États-Unis en 1928.

 

Daniel Compère propose d’entrée une discussion sur l’aspect populaire de ce magazine qui, plongeant dans l’imaginaire construit par Walt Disney outre Atlantique, n’en a pas moins adapté textes et images au contexte culturel européen. Contes et romans en feuilleton, bandes dessinées originales, adaptations de films puis de séries télévisées, la production fut intense pour un jeune public plus rapidement conquis que certains parents.

 

C’est à Michel Mandry que revient le soin de tracer ensuite l’histoire du Journal de Mickey dont il fut jadis un collaborateur, puis un conseiller artistique, contribuant au succès de l’hebdomadaire. Entre sa naissance en 1934 et sa suspension en 1940 par le régime de Vichy, le titre atteignit très vite une diffusion de 400 000 exemplaires. Winkler, étant d’origine juive, il réussit à se réfugier aux États-Unis pendant que la rédaction du magazine, repliée à Marseille produisait vaille que vaille un illustré qui est aujourd’hui objet de collection Le Journal de Mickey et Hop-là ! réunis. Avant qu’un Journal de Mickey ne reprenne vie à Bruxelles en 1947, Winkler, revenu en France en 1945, lancera de son côté un Journal de Donald qui existera de 1947 à 1953. Le Journal de Mickey reprendrai force et vigueur en France le 1er Juin sous la houlette d’une nouvelle société d’édition, Edi-Monde, appuyée par Hachette.

 

S’il exista bel et bien des adaptations de produits américains, Henri Filippini insiste particulièrement dans son article, sur ce que furent les créations dans les 16 pages hebdomadaires, qui passeront à 24, puis à 32. Le numéro 292, daté du 29 décembre 1957 verra démarrer les aventures de Tim Labrousse de Lucienne Balland et José Larraz, dont l’une des fonctions sera de tenir la concurrence avec les concurrents, Spirou,Tintin et Pilote. Les 1 000 premiers numéros constituent une sorte d’âge d’or qui ont vu défiler une pléiade de dessinateurs et scénaristes.

 

Dans une période un peu plus longue (1952-1968), Yves Frémion étudie en détails ces travaux originaux que le journal accueillit. Il propose une série de courtes présentations des séries, des dessinateurs et des auteurs, insistant sur le fait qu’ils connaissent aujourd’hui un déficit de reconnaissance par rapport à certains de leurs équivalents ayant œuvré pour d’autres titres.

 

Jacques Baudou revient aux adaptations pour s’intéresser particulièrement à celles qui partaient des séries télévisées diffusées au début des années 1960, au moment où ce média se développait et entrait massivement dans les familles. Il s’agit notamment de La Déesse d’or, Le Temps des copains, Thierry la fronde et Zorro.

 

Olivier Maltret observe une série particulière du magazine, « Mickey à travers les siècles » qui a constitué à ses yeux un véritable complément à la scolarité. Pas moins de douze sujets historiques ont été réunis en albums dans les années 1970. Incitant ses lecteurs à parcourir leur collection personnelle précieusement conservée, Olivier Maltret nous rappelle qu’il suffisait  à Mickey de prendre un coup sur la tête pour autoriser un changement d’époque.

 

Jean-Luc Buard s’attaque pour sa part à un corpus élargi avec les satellites du Journal de Mickey que furent Hop-là!, Donald et Robinson à toute fin d’explorer la variété des sujets proposés dans plusieurs types d’aventure, des histoires de pirates à la science-fiction en passant par le western et le mystère. Jean-Luc Buard repère tous les romans parus dans ces titres et établit un lexique de leurs auteurs.

 

Daniel Compère observe particulièrement la part qui revint dans cette diversité à Jules Verne dont plusieurs romans publiés dans la bibliothèque verte de chez Hachette apparue en 1923 mais qui changea d’échelle à partir de 1955. Les Enfants du capitaine Grand ou 20 000 lieux sous les mers firent l’objet d’une adaptation et l’on vit même apparaître un Mickey Strogoff

 

Pour clore ce dossier, Philippe Burgaud détaille ce que furent les adaptations cinématographiques de Jules Verne par Disney, notamment le 20 000 lieux sous les mers, confié en 1953 à Richard Fleischer avec la fameuse scène du calmar géant, film dont l’auteur de l’article ne considère pas qu’il s’agisse d’une grande réussite. La mise en scène des Enfants du capitaine Grand en 1962 par Robert Stevenson, manque aussi à ses yeux d’unité et d’intérêt.

 

Dans les « Varia » de ce numéro 85, on trouvera encore de quoi se sustenter, avec d’abord l’histoire du prix littéraire Maurice Renard qui fonctionna de 1922 à 1932 par Fleur Hopkins ; le coin des pseudonymes de Patrick Ramseyer ; quelques notes de lecture et un Conte de Gustave le Rouge paru en 1918, La Vapeur écarlate présenté par Alfu.

Au delà du résumé de ces articles dont certains connurent une première version sous forme de conférence, il convient de signaler qu’une telle revue ne peut fonctionner dans la durée que par la collaboration des universitaires avec les collectionneurs invétérés, souvent très érudits. Ce mélange est nécessaire et utile pour tout ce qui concerne l’histoire des revues et des magazines, quelle que soit leur nature. Tout cela aide aussi à la conservation des vieux papiers. Un cercle vertueux.

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