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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Jonathan Wilson vous permet de briller aux agapes... avec le score de l’extrême-droite aux élections législatives

 Le nombre de parlementaires d’extrême-droite dans l’Assemblée nationale élue en 2022 a de quoi gâcher les joyeuses discussions de vos agapes ? Tentons une analyse pour raison garder.

Premièrement, ce « succès » s’inscrit dans une grande tradition présidentielle française : l’instrumentalisation du vote d’extrême droite pour garder le pouvoir. Souvenez-vous : on reprocha en son temps à François Mitterrand, en difficulté électorale, d’avoir permis au Front national (FN), ancêtre du Rassemblement national (RN), d’obtenir 35 élus grâce au scrutin proportionnel instauré pour les élections législatives de 1986. À partir de cette date, la droite était minée par le débat sur le ralliement ou non au « front républicain », c’est-à-dire au vote « tout sauf le FN ».

Avec la forte progression des élus RN aux élections législatives de 2022, le « front républicain » semble bien mort. Certes ce « front » était déjà bien mal en point, car la droite devait faire face à la poussée électorale quasi régulière du FN : il y eut « la droite décomplexée » de Jean-François Copé à la fin des années 1990, puis le « ni FN, ni PS au deuxième tour » de Nicolas Sarkozy aux élections cantonales de 2011. La « touche » macroniste consiste à un enterrement de « premier de cordée » du « front républicain ».

Premier acte, Emmmanuel Macron mobilise aux seconds tours des élections présidentielles de 2022 (et déjà de 2017) en utilisant le ressort « républicain » : les électeurs de gauche votant pour le « moins pire ».

Deuxième acte : moins d’un mois plus tard, il renvoie dos à dos le RN et les alliés de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (NUPES) au nom du « sursaut républicain », rejetant ainsi ses électeurs présidentiels... hors de la République ! Et voilà le front républicain qui fonctionnait déjà mal auprès des électeurs de droite, qui fonctionne désormais tout aussi mal auprès des électeurs de gauche. Résultats : les candidats RN sont élus en un nombre record ; à gauche, l’opposition de la NUPES est concurrencée et affaiblie ; à droite, Les Républicains sont tentés de trouver leur salut soit en ralliant le président de la République (il a besoin de voix pour assurer sa majorité à l’Assemblée nationale), soit au RN (devenu « fréquentable » avec, d’un côté, Éric Zemmour qui a su incarner l’extrême-droite à lui tout seul ! et, de l’autre côté, certains leaders de droite qui ont mené des révisions idéologiques successives).

Troisième acte (à venir) : en obtenant un résultat de scrutin proportionnel avec le scrutin uninominal à deux tours, Emmanuel Macron se vantera d’avoir une Assemblée nationale plus conforme à la répartition des voix dans le pays, bref d’avoir renouvelée notre démocratie !

La seule colonne vertébrale du macronisme est donc le machiavélisme. Il applique les conseils prodigués par Nicolas Machiavel à Laurent II de Médicis dans Le prince (1513) : toujours s’adapter aux circonstances ; ne pas choisir les actions conformes à la morale, mais celles qui permettent de se maintenir au pouvoir ; bien masquer les entorses éthiques, la tromperie et la manipulation qui en découlent... Il a particulièrement bien assimilé l’avertissement de Machiavel : « Si tu savais changer de nature quand changent les circonstances, ta fortune ne changerait point ».

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L
Je n'ai pas très bien compris si cet article se voulait humoristique ou pas.<br /> D'abord, je n'ai pas très bien compris qui pouvait être ce Jonathan Wilson, inconnu sur les, (ou plutôt sur mes), colonnes.<br /> Toutefois, une petite recherche sur le présent site de CRITICA m'a permis de voir qu'un Jonathan Wilson, signalé docteur de son état, avait déjà sévi par ici, notamment entre 2015 et 2016.<br /> Il existe donc une probabilité, un faisceau d'indices, voire une hypothèse, pour qu'il s'agisse du même.<br /> On voit par là qu'il n'y aurait donc aucune parenté avec un certain Jonathan Livingston, ni avec aucun goéland. Xavier Gorce, qui n'est pas un manchot, si je puis dire, devrait pouvoir confirmer.<br /> Cela étant, briller aux agapes avec le score de l'extrême-droite....<br /> Déjà, rien que ça : briller + extrême-droite, on a connu de bien meilleur oxymore...<br /> Ensuite, aux agapes ? Qu'il me soit permis de dire que si l'extrême-droite, et son score, s'invitent aux agapes, alors l'extrême-droite, et son score, ont partie gagnée.<br /> En tant que franc-maçon, notre très gros souci, avec ou sans agapes, n'est-il pas qu'aucun candidat sur les parvis, qu'aucun futur frère ni aucune future sœur, ne provienne de ce terreau-là ? Et à supposer, - à supposer - , que nous soyons assez vigilants pour empêcher cela, pour bien filtrer et bien tamiser nos entrées, quid des frères et sœurs déjà présents sur nos colonnes depuis de longues années ? Nos obédiences sont-elles vraiment exemptes de telles intrusions ? Qui peut garantir qu'aucun de nos frères et qu'aucune de nos sœurs, même dans une obédience où a priori on ne devrait pas en croiser, je suis au G.O.D.F., qui peut garantir que la situation est totalement saine et maîtrisée ? <br /> Retour à l'article et à Jonathan dans son envol. Finalement que nous dit-il ? Que l'instrumentalisation du vote d'extrême-droite serait une tradition présidentielle française. Est-ce un scoop de reparler ici de François Mitterrand à ce sujet ? Et que la « touche » (sic) macroniste est l'estocade finale faite au « front républicain ». <br /> Puis un petit développement en trois actes où Manu I mobilise (aux 2nds tours des deux présidentielles de 2017 et 2022), où Manu II envoie dos-à-dos FN (pardon RN, désolé de conserver la marque de prêt-à-porter alors que Marine est depuis passée au sur-mesure et aux bonnes manières).<br /> Et où Manu III : «se vantera d’avoir une Assemblée nationale plus conforme à la répartition des voix dans le pays ». <br /> Deux remarques à ce sujet. <br /> Primo, s'en vantera-t-il vraiment ? Certes le système démontre qu'il permet ce « renouvellement de notre démocratie », mais est-ce vraiment glorieux ? A mon sens, il n'y a pas matière à s'en vanter. Bien au contraire. Il sera le président qui aura permis l'installation de 89 députés FN, sans tripatouiller la Constitution. C'est certes dans le respect démocratique. Mais de ce point de vue là on pourra toujours dire que si François Mitterrand n'avait pas un peu retouché les règles électorales, jamais on n'aurait eu les 35 en 1986. Sauf erreur, ça a d'ailleurs été dit en son temps.<br /> Secundo, qui pour moi est une petite faiblesse de cet article : trois actes, et trois fois Manu qui est à la manœuvre. Est-ce à dire que Macron fait tout dans ce pays ? Qu'on lui attribue tout ? Est-ce à dire que l'électeur n'est rien ? Que son passage à l'isoloir ne compte pas ? Qu'il est secondaire ? Que l'électeur est manipulé ? Qu'il ne dispose plus de libre-arbitre ? Qu'il ne se rend pas compte de la portée de son vote, Qu'il n'en est pas responsable ? Puisque manipulé ?<br /> Alors oui, la campagne était minable, l'argumentation pauvre voire atone, voire prévisible, et ce toutes les douze candidatures proposées au citoyens et aux citoyennes. Le système et l'offre politiques ont explosé au moins en 2017, peut-être même dès 2002 si l'on y réfléchit bien. <br /> Il est quand même curieux, je n'ai pas dit amusant, que ceux qui se veulent les plus antimacronistes lui attribuent ainsi tous les pouvoirs de manipulation diverse.<br /> Loin de moi l'idée de penser que l'auteur de cette présente intervention, Jonathan or not Jonathan, peu importe, voit consciemment ou pas du Macron dans tout ce qui se passe ici-bas en notre hexagone, mais comment ne pas penser non plus une seconde à cette image affreusement antisémite qui a un temps pollué un mur avignonais où Macron était lui-même marionnette d'un autre marionnettiste.<br /> Avons-nous à ce point perdu nos repères pour ne plus se sentir responsables de nos propres actes et chercher un bouc émissaire, fût-ce de le trouver dans le président actuellement élu ?<br /> Je suis de ceux qui se sont réveillés avec un député FN en guise de petit-déjeuner. Je suis de ceux qui avaient déjà trouvé passablement saumâtre la bouillie FN municipale, il y a trente ans déjà, alors que dans les deux cas mon vote avait été tout autre, bien évidemment. D'ailleurs mon adhésion à la FM (Franc-maçonnerie évidemment) est en partie due à, la nausée inspirée par le FN.<br /> Je suis de ceux qui trouvent particulièrement nauséabond d'avoir à traverser un Arc méditerranéen de Menton jusqu'à la frontière italienne avec quasiment qu'une seule couleur, celle d'un cancer brun, d'une tumeur envahissante en train de remonter aussi le couloir rhodanien.<br /> Il faut quasiment arriver à Toulouse pour respirer à nouveau de l'air frais.<br /> Et les 89 qui viennent de s'installer dans l'hémicycle, bien propres sur eux, bien ripolinés et les mains a priori propres avant de passer à table, ne sont pas de mon point de vue arrivés là par un simple coup de billard élyséen, ça serait vraiment trop simple, trop manichéen. Et rien ne dit que l’Élysée a sauté de joie à la nouvelle.<br /> Ce qui pourrait être désormais instructif, c'est de voir comment Macron va utiliser, ou faire avec, ou s'accommoder de ces 89 députés là. Et de tous les autres aussi d'ailleurs.<br /> Il est très vraisemblable, comme le suppose Jonathan, que Macron n'est pas ignorant de Nicolas Machiavel et de ses livres, en particulier « Le prince ».<br /> Peut-être même que Macron a déjà fait siennes ces deux citations :<br /> «  Toute la force du succès tient dans le fait que seuls sont pris en considération ceux qui l'obtiennent ». Raison pour laquelle on le croit capable d'être manipulateur de tous les actes qu'on veut bien lui prêter.<br /> «  Pour perdre ses ennemis il est plus habile de les rassurer que de les combattre ». Fait-il cela uniquement avec les FN ?<br /> On observera, ironiquement, que si ces deux citations sont bien extraites d'un livre intitulé « Le prince », ce Prince-là n'est pas celui de Machiavel, mais d'un auteur nommé Casamayor (éditions du Seuil, 1966, Livre de Poche n°3633, 1973). Auteur maintenant un peu oublié, et c'est plutôt dommage.<br /> P.S.: Merc i pour la photo de Donald Sutherland dans Novecento (1900). Avec également Robert de Niro et Gérard Depardieu. Et Dominique Sanda
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L
Dans la phrase corrigée ci-après, la frontière est forcément espagnole, pas italienne: "Je suis de ceux qui trouvent particulièrement nauséabond d'avoir à traverser un Arc méditerranéen de Menton jusqu'à la frontière espagnole avec quasiment qu'une seule couleur, celle d'un cancer brun, d'une tumeur envahissante en train de remonter aussi le couloir rhodanien."