Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
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Marc Gauchée
En octobre 2023, Métal Hurlant a publié un hors série consacré à l’éphémère revue Ah ! Nana qui a compté 9 numéros de 1976 à 1978. Comme le dit Janic Guillerez, directrice de la publication et rédactrice en chef : « nous étions au-delà du féminisme. Nous nous considérions avant tout comme des femmes libres, qui avaient enfin la liberté de raconter ce qu’elles ressentaient ». Il y avait aussi Keleck pour la maquette, Anne Delobel pour le secrétariat de rédaction et Marjorie Alessandrini pour le conseil de la rédaction... En fait, il n’y avait pas seulement des autrices, il y avait aussi des hommes, sous leurs vrais noms ou sous pseudonymes, car « nous étions anti-machistes, mais nous n’étions pas anti-hommes ! ».
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Outre les bandes dessinées qui représentent des femmes complètement éloignées de l’esthétique soumise et focalisée sur les seins et les fesses de type Milo Manara, Ah ! Nana présente une partie rédactionnelle « magazine ». Chaque livraison à partir du n°3 (avril 1977) est thématisée : « le néonazisme » ; « la mode » ; « les rapports hommes-femmes » ; « le sexe et les petites filles » ; « le sado-masochisme » ; « l'homosexualité et la transidentité » et « l'inceste ». Comme le reconnaît Janic Guillerez, « avec le recul, le thème du numéro 6, ʺLe sexe et les petites fillesʺ, me dérange. La génération des années 1970 se donnait droit à tous les fantasmes, et c’est un sujet que nous ne pourrions plus traiter aujourd’hui »
Le magazine s’arrête en juillet 1978 quand la revue est classée avec les ouvrages « pour adultes » et interdite de publicité pour pornographie. La couverture et le thème du n°9 ne passent pas. L’article de Christine Van Geen (« Un sacré point aveugle », p169-171) permet d’en retracer l’histoire. Cette couverture a été réalisée par la Néerlandaise Liz Bijl, spécialiste des dessins de pin-up (et pas autrice de bandes dessinées) et uniquement pilotée par Philippe Manoeuvre en tant que directeur artistique de la maison mère », Métal Hurlant. Ainsi Ah ! Nana n’échappe pas à la contrainte marketing d’une couverture raccoleuse destinée à faire vendre ! Comme en conclut Christine Van Green, Ah ! Nana, c’est « neuf numéros pleins de paradoxes, ceux d’une époque d’expérimentations et de luttes, donnant des merveilles et parfois des horreurs, produite par une bande de femmes aux prises avec des forces qui les rattrapent parfois ».
