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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Panaït Istrati, Un écrivain à (re)découvrir

 

Crédit portrait : Panait Istrati Fotograf și în fotografii (Panaït Istrati Photographe photographié) de Constandina Brezu Stoian, édition bilingue traduction du roumain par Ioan Herdan, Préface de Margareta Panaït Istrati, Editions Méridiane, Bucarest, 1984.

 

 

Jean-Pierre Bacot

 

Panait Istrati est né en 1884 à Brăila, un port danubien du sud-est de la Roumanie et mort à Bucarest en 1935 de la tuberculose qu’il avait contractée très jeune. Il est sans conteste l’un des plus grands écrivains du XXème siècle. La quasi totalité de son œuvre est rédigée dans un français élégant qu’il aura appris seul, lui qui parlait le roumain de sa mère blanchisseuse, dont il prit le nom, le grec de son père, marin et contrebandier qu’il ne connut jamais, puisqu’il fut tué par des garde-côtes peu après sa naissance, le turc et son cher français. Étant parti très tôt de chez lui courir le monde et exercer de nombreux métiers, notamment peintre en bâtiment, trimardeur et photographe ambulant, il commença vite à écrire, et dès 1916 en français, tout en lisant énormément.

Avec des personnages de roman attachants, dont le sien, mais sans complaisance pour lui-même, développant un culte de l’amitié, un engagement éthico-politique de tous les instants, il produisit de nombreux romans et des textes journalistiques. Istrati aura bien fait de manquer son suicide à Nice en 1921, alors qu’il était en pleine misère et venait de rompre avec sa première épouse. Il se relança ensuite, grâce à l’écriture, revenu de la religion, mais aussi du marxisme, qu’il trouva sali par les léninistes, puis les staliniens russes qu’il fréquenta de près, ce qui en fit, après sa rupture et pendant des décennies, un paria en Europe de l’Est. Cela ne l’empêcha pas de rester ancré dans un progressisme humaniste et athée (voir notamment : Boris Souvarine, Panaït Istrati et le communisme, Champs libres 1981).

L’oeuvre presque complète d’Istrati est parue chez Phébus Libretto, en 2015 et en trois volumes, pour quelques 2.000 pages qui se dévorent. On y trouvera, outre son culte de l’amitié, une longue recension de l’errance, une sorte de pessimisme actif, par celui que l’on appela « le Prince des Vagabonds », sans excès de psychologie, avec une incontestable pudeur. Son écriture à la fois ancrée dans son époque et quelque part hors de ces temps difficiles que d’autres que lui ont décrit.

Tome 1 : Les récits d’Adrien Zograffi, Kira Kyralina, Oncle Anghel, Présentation des haïdouks, Domnitza de Snagov, La Jeunesse d’Adrien Zograffi, Codine, Mikhaïl.

Tome 2 : La jeunesse d’Adrien Zograffi, Mes départs, Les pêcheurs d’éponges, Vie d’Adrien Zograffi, La maison Thüringer, Le bureau de placement, Méditerranée (lever de soleil), Méditerranée (coucher de soleil).

Tome 3 : Les chardons du Baragan, Tsatsa-Minnka, Nerrantsoula, La famille Perlmutter, Pour avoir aimé la terre, Vers l’autre flamme : après seize mois passés dans l’URSS, Textes divers (parus en revue).

Signalons qu’un magazine semestriel, le Haïdouc, existe depuis 1985. Il est édité par la société des amis de Panait Istrati, qui possède une antenne en Roumanie, où l’écrivain a trouvé son public après la chute du mur. Istrati a lui même traduit en roumain certains de ces textes écris dans la langue de Molière. Nous avons plusieurs fois parlé  du Haïdouc sur ce blog.

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