Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
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Jean-Pierre Bacot
Précieuse collection que celle des Zones à la Découverte. Ces naufragés nous racontent l’histoire en cours d’une modification aux forceps du paysage périurbain parisien. Anne Clerval, géographe, et Laura Wojcik, journaliste, croisent description et analyse du processus avec des interviews de acteurs, aménageurs, élus et habitants.
Ce qui est décrit s’appelle une politique de gentrification assumée, même si il est loin d’être certain qu’elle réussisse entièrement. Une quinzaine de communes est concernée, la marge de manœuvre de élus locaux qui résistent au processus, et a fortiori des associations d’habitants, étant très faible. En effet, les intérêts économiques, y compris les emplois dans le BTP, sont colossaux, sans oublier l’inertie du système.
Les Jeux Olympiques de 2024 marquent une sorte de point d’étape de cette opération lancée en 2010, l’affaire du Grand Paris Express devant être réglée en 2030. Après, ce sera comme pour le plan du Baron Haussmann dans les années 1860-70, puis celui de Paul Delouvrier, un siècle plus tard, un nouveau paysage urbanistique et social marque par une nouvelle phase de relégation des pauvres.
On admettra certes volontiers le fait positif que des communes soient reliées entre elles, qui ne l’étaient pas hier, autour de 68 gares de métros et de trains express autour desquelles fleuriront activités commerciales et logements. Mais des milliers de personnes auront tout de même été déplacées, souvent indemnisées loin des prix du marché, qui ne retrouveront pas, pour la plupart, un logis proche du leur, doté d’un minimum de confort.
Un aspect n’est pas développé dans ce livre, mais qui nous a semblé avoir son importance : cette Ile-de-France urbanisée à outrance, avec des transports en toile d’araignée pourrait bien casser net ce qui déjà piétinait déjà en termes de décentralisation. Le reste du pays sera renvoyé à son provincialisme. Paris ressemblera un peu plus à Londres, les villes moyennes dépériront et les métropoles souffriront.
Même si des forces sociales et/ou politiques se levaient pour hurler au désastre, le train est lancé, c’est bien le cas de le dire, il ne déraillera pas et son parcours ne sera modifié qu’à la marge. Autre leçon à titrer de cet ouvrage, le néolibéralisme a beau être à l’œuvre, une certaine planification reste prégnante. Elle fut d’ailleurs portée à l’origine par la gauche, et le reste par des élus lutéciens, dont on pourrait discuter l’attitude actuelle entre Jeux Olympiques et aménagement des alentours.
Dernier point, ce livre est écrit par des femmes et est même dédié « Aux femmes que nous aimons et qui nous inspirent / A celles et ceux qui luttent contre l’injustice sociale. » Or, à moins que cela nous ait échappé, la sur-marginalisation des femmes seules, nombreuses dans les communes populaires, n’est pas évoquée, ni d’ailleurs celles des étrangers. Nulle n’est parfaite…
