Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Tout va très bien Madame le marquis

Faut-il se lamenter ou demeurer confiant en un avenir radieux lorsque l’on considère que seulement deux loges mixtes (Rosa Luxembourg et le Tout-Monde, membres de la Grande loge mixte de France) pratiquent l’emploi du féminin pour les offices tenus par des femmes ? S’il en est d’autres, qu’elles se « dénoncent » sur ce blog et nous leur rendrons immédiatement grâce en leur offrant une place numérotée dans la petite oasis féministe.

 

Après quelque 130 années d’existence de la coexistence pacifique en maçonnerie de ce qui ne relevait pas jadis et naguère du genre, faut-il s’armer de patience pour les siècles des siècles, cesser de gémir et espérer ?

 

Cet état de fait nous amène à quelques réflexions :

 

Le langage.

 

Si l’on considère donc que l’immense majorité des maçonnes et maçons œuvrant en mixité refuse d’employer le féminin des  fonctions et des grades concernant les femmes, la question n’est plus de savoir si cette majorité qualifiée de la maçonnerie mixte est en retard sur son temps, mais si ce retard va continuer longtemps à se creuser.

 

La coexistence

 

L’ancienne et toujours active réalité de la domination masculine n’est certes pas à écarter d’un revers de manche, sous prétexte que notre société aurait évolué. Elle persiste et doit être combattue. Par quel moyen ? L’une des modalités, celle que choisissent les adeptes de la mixité, est la coexistence et l’ajustement mutuel des comportements, ceci étant posé implicitement dans une logique hétérosexuelle dominante où la domination reste toujours possible, même dans un cadre non sexuel.

 

Mais qu’en est-il dans un cadre  homosexuel, fût-il croisé avec l’hétérosexuel ? La question de la domination a-t-elle seulement été posée dans les structures  mono-sexuées (nous n’écrivons pas ici, volontairement mono-genres) ?

 

Le développement séparé

 

Accepter le travail séparé des hommes et des femmes n’a rien de plus glorieux que de vivre une séparation sur critère ethnique. Quoi qu’il en soit du rapport à la loi républicaine de cette discrimination, fût-elle jugée positive par certaines, comme elle le fut et l’est encore par d’autres, il existe en non-mixité des registres de domination par la culture, le langage, le genre, l’ancienneté, etc.

 

Qu’une femme soit dans ce cadre mono-sexué, quoi que non-mono-genre, dominée par une autre femme est-il plus intéressant pour elle que si elle l’était par un homme ? L’émancipation de la personne en est-elle facilitée ? Quant à la question de la séduction,  parfois avancée avec un sourire en coin, elle est elle aussi à envisager dans un cadre où coexistent hétéro-,  homo et bisexuels.

 

Le paysage maçonnique

La récente et très lente féminisation du Grand orient de France a modifié la cartographie de la maçonnerie française. Mais elle semble n’avoir eu aucun impact sur l’évolution du langage, outil possible de domination s’il en fut.

 

Peut-on craindre que, paradoxalement, les positions se soient crispées et que, par exemple, telle ou telle maçonne passée de la Grande loge féminine de France où la féminisation est systématique, au Grand orient, accepte désormais de se  faire appeler par exemple « orateur » ou «  conseiller de l’ordre » si, dans un lointain futur, l’occasion se présentait ? Certes, le Droit humain n’a pas évolué sur ce point depuis sa création, sauf exception que nous pourrions ignorer, ce qui ne fait qu’obscurcir la situation.

Accepter la marginalité

Vivre la maçonnerie dans une logique égalitaire, y compris linguistiquement, en employant le féminin des termes, dans un cadre sociopolitique où ces aspects sont largement réglés, conduit  paradoxalement à une marginalité. Le reste de la maçonnerie vit elle aussi dans une marge par rapport à la société. En effet, les démocraties modernes, d’abord les anglo-saxonnes puis les latines, n’hésitent plus à comporter des députées et des sénatrices, grâce à ce que fut le travail des féministes en tout genre.

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article