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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Le Déclin inexorable de la franc-maçonnerie aux États-Unis

Jean-Pierre Bacot

 

Un article signé Lance Kennedy dans Freemason Information, Masonic Education and Analysis, daté du 29 novembre 2018 et que les anglicistes pourront retrouver en ligne, ne se demande pas si la franc-maçonnerie décline aux États-Unis, mais annonce tout simplement sa mort prochaine. On notera d’abord la différence avec la maçonnerie française qui, dans sa diversité croissante, progresse d’année en année.

 

L’auteur, qui se montre très faible quant à l’explicitation du phénomène, ne se demande pas en effet si la maçonnerie, à laquelle il déclare appartenir, se porte mal, puisqu’il titre son article « La Franc-maçonnerie se meurt » (« Freemasonry is dying »). Elle est mourante. La courbe des effectifs qu’il publie est, à ce titre, des plus éclairantes. Lance Kennedy cite au passage le sort équivalent que subissent d’autres sociétés fraternelles, paramaçonniques celles-ci, comme les Odd Fellows. C’est donc l’ensemble d’un type de sociabilité presque uniquement masculin et croyant qui s’écroule.

 

On peut risquer très rapidement deux types d’explication : l’individualisme, largement véhiculé par le libéralisme triomphant qui détricote les systèmes basés sur la fraternité et la montée des assurances publiques ou privées rendant inutiles les solidarités. Ceci posé, la masculinité des loges et leur rapport obligatoire à un Grand architecte qui est Dieu, comme l’unicité du modèle proposé, ne correspondent plus au paysage sociologique contemporain. Celui-ci est en effet marqué par une chute des croyances, surtout dans la bourgeoisie « caucasienne », comme ont dit Outre-Atlantique, comme par les avancées du féminisme.

L’ensemble des structures comparables dans les pays anglo-saxons : Canada, Royaume-Uni, Australie, Nouvelle-Zélande subit le même déclin. En France, une obédience au moins, la Grande loge nationale française témoigne de cette orientation, mais dans un tout autre contexte, puisque des contacts existent  dans nombre d’espaces culturels avec des maçonnes et des maçons d’une autre orientation, participant d’un pluralisme qui fait la richesse de la franc-maçonnerie française, quelque caricaturale que soit parfois sa dispersion.

Le Déclin inexorable de la franc-maçonnerie aux États-Unis

Il n’est pas besoin d’être agrégé en mathématiques pour voir ce que le prolongement de cette courbe donne pour la décennie à venir. Dans une vingtaine d’années, l’affaire sera pliée. Nous sommes donc dans un monde (voir aussi les analyses sur la mort prochaine du catholicisme français) où s’écroulent dans l’espace occidental des organisations qui ont structuré la société sur des registres divers, ceci dans une indifférence quasi générale, nonobstant quelques textes qu’il nous semble intéressant de relayer pour nos lectrices et lecteurs.

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