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Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

« Manifestes » d’Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau

Jean-Pierre Bacot

Les deux grands écrivains martiniquais, Édouard Glissant, disparu il y a une décennie et Patrick Chamoiseau ont souvent travaillé ensemble. Les textes co-écrits que nous proposent aujourd’hui les éditions de la Découverte avec une postface d’Edwy Plenel sont au nombre de six.

« De loin, Dean est passé, Il faut renaître, Aprézan ! Quand les murs tombent et l’intraitable beauté du monde. » Suivent Manifestes qui réunissent deux textes, le premier pour un projet global et le second pour les « produits » de haute nécessité. Ceux-ci sont écrits à plusieurs voix : Ernest Breleur, Gérard Delver, Serge Domi, Bertène Juminer, Guillaume Pigeard de Gurbert, Olivier Portecop, Olivier Pulvar et Jean-Claude William ajoutent leurs voix à celles de Glissant et Patrick Chamoiseau.

Si les auteurs font souvent référence au tryptique créole : Martinique, Guadeloupe, Guyane, c’est bien la Martinique, l’île aux fleurs et pays d’Aimé Césaire que les auteurs inscrivent dans une sorte de poétique moderne. Ainsi en viennent-ils à imaginer pour presque tout de suite une île qui deviendrait le paradis du bio, en commençant par la banane, cruciale dans l’économie du pays. Recettes assurées pour les habitants, problématique écologique, un cercle vertueux : les doux rêveurs ne manquent pas d’idées.

Il n’est que ces deux-là pour marier ancrage local et universalisme, mémoire coloniale et décoloniale, dans le creuset conceptuel du Tout-Monde. Dans l’avant-propos, Patrick Chamoiseau raconte comment leur collaboration textuelle s’organisait. Glissant lançait : « On ne peut pas laisser passer ça ! » et tout partait de cette indignation traduite en littérature, pour une vie moins chère et plus douce.

Le texte le plus long : « L’intraitable beauté du monde », écrit en 2009, est une très belle adresse à Barack Obama, sur le double thème de la créolisation du monde et le fait que la couleur de peau ne détermine pas une politique. Le fait de s’adresser à l’Amérique du Nord relève bien d’une problématique Tout-mondienne : la Martinique ne parle pas qu’à elle –même et à la Métropole.

Quant à Edwy Plenel, auteur de la postface de l’ouvrage -et dont l’anticolonialisme n’est plus à démontrer, il estime que les Chamoiseau et Glissant permettent de « réenchanter l’espérance ».

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