Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

« La Déferlante. La revue des révolutions féministes », n°3, septembre 2021

Julien Vercel

Nouvelle livraison toujours aussi riche de « La revue des révolutions féministes » avec un dossier consacré à la violence féminine intitulé « Se battre ».

La sociologue Coline Cardi, dans un entretien par Nora Bouazzouni, explique comment l’historiographie s’est construite à la fois sur une invisibilisation : « On s’est rendu compte que ce n’était pas tant un tabou qu’un discours, sans cesse renouvelé, qui rend impossible et impensable cette violence des femmes ». Mais elle s’est aussi construite sur une surreprésentation des femmes violentes pour en faire des monstres avec un discours antirévolutionnaire ou de panique morale puisque celles qui font usage de la violence transgressent à la fois la loi de la non-violence féminine et les normes de genre. Avec cette conclusion qui devrait effrayer les chroniqueurs masculinistes : « Je pense quand même que, individuellement, faire l’expérience de la violence, c’est une force incroyable pour les femmes. Se rendre compte qu’on peut se défendre ouvre une perspective émancipatrice : d’un coup, cela augmente un répertoire d’actions et de libertés dont on ne dispose pas du tout en tant que femme dans l’espace public ».

Virginie Despentes avait déjà abordé la question quand elle s’est interrogée sur l’absence de violence des femmes violées dans King Kong Théorie (Grasset, 2006) : « Les petites filles sont dressés pour ne jamais faire de mal aux hommes, et les femmes rappelées à l’ordre chaque fois qu’elles dérogent à la règle ». Elles ont donc intégré le précepte : « Défendre ma propre peau ne me permettait pas de blesser un homme ».

Dans un article sur la Révolution, Mathilde Larrère rappelle cet appel d’Anne Josèphe Théroigne, le 25 mars 1792 : « Armons-nous, nous en avons le droit par la nature et même par la loi ! » et elle demande aux citoyennes de s’organiser en bataillons d’Amazones... La Convention tentera donc de chasser les femmes de tout rôle de combattantes au sein des armées révolutionnaires et interdira peu après les clubs de femmes !

Outre ce dossier où interviennent aussi Gisèle Prassinos, Rachel Eke, Elsa Gamin, Alice Coffin, Lydia Zijdel..., La Déferlante propose des décryptages, des reportages, une bande-dessinée... on y croise la chanteuse Pomme et la comédienne Nadège Beausson-Diagne, l’autrice Lydie Salvayre, ou encore la députée Danièle Obono, l’autrice Grace Ly et la chercheuse Sarah Mazouz pour un échange sur l’intersectionnalité (et la chronique de Martin Page).

On appréciera aussi particulièrement l’entretien mené par  Marion Pillas avec l’autrice-dessinatrice Pénélope Bagieu qui demande notamment : « Comment faire un récit d’aventures avec une héroïne quand on n’a aucune représentation de femmes aventurière autour de soi ? Il faut forcément un Indiana Jones ».

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article