Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.

Le grand déplacement. Les mouvements de population : Moldavie, Roumanie, Italie, France

Le Trône de fer (Game of Thrones), série de David Benioff et D. B. Weiss, 2011-2019

Jean-Pierre Bacot

 

Nos lectrices et lecteurs auront compris l’humour noir qui se cache derrière le titre que nous avons choisi pour illustrer le fait qu’il se passe aujourd’hui en Europe des déplacements de population et des évolutions démographiques qui ne sont pas, comme ce fut hélas le cas jadis, pour cause de guerres civiles ou internationales, mais pour raisons économiques. Nous nous contenterons ici de traiter de ce qui  touche quelques pays de culture latine, sachant que des études plus larges seraient nécessaires, en particulier pour le monde slave (signalons simplement comme exemple qu’il existe aujourd’hui plus d’un million et demie d’émigrés ukrainiens en Pologne).

La principale victime de ce processus est la Moldavie qui s’est détachée de l’Union soviétique en 1991. Le pays le plus pauvre d’Europe, qui avait déjà perdu  plus de 200 000 habitants depuis son indépendance, est passé de 3,388 millions  en 2004 à 2,9 millions en 2014. Ce nombre est très probablement inférieur aujourd’hui, autour de 2,7 millions. La cause de ce dépérissement démographique est un exil des populations vers la Roumanie, l’Italie et,  minoritairement, vers la France et l’Amérique du Nord. La plupart de celles et ceux quoi vont cherchent du travail à l’Ouest occupent des tâches que les locaux ne veulent plus assurer, dans les hôpitaux ou l’aide à la personne, partageant ces travaux en Italie avec les Albanais. Mais il existe aussi des personnes très diplômées que l’on retrouve, par exemple, comme médecins spécialisés, architectes ou universitaires.

Rappelons que dans ce pays, la situation n’est pas stabilisée avec la minorité russophone, (un quart de la population), même si du côté des Gagaouzes, autre minorité, de langue turque et de confession orthodoxe vivant aussi en Ukraine, la cohabitation  semble meilleure.

De son côté, la Roumanie voit sa population baisser depuis 1992 où elle comptait 22,760 millions d’habitants. En 2002, il n’y en avait plus que 21,698  et en 2011, 20,121. La population actuelle avec l’action croisée d’une natalité en berne et d’une émigration continue supérieure à l’immigration moldave, met le pays largement en dessous des 20 millions.

Quant à l’Italie, on parle peu du fait qu’elle décline également démographiquement, malgré l’accueil d’émigrés contre lequel les forces de droite et d’extrême-droite sont vent debout, laissant leur pays plonger avec une écart grandissant entre décès et naissance dont témoigne le graphique ci-dessous. Le phénomène touche également le Sud du pays. Et ce sont aujourd’hui essentiellement des élites qui s’enfuient.

Source : https://fr.businessam.be/litalie-un-pays-sans-avenir-sur-le-chemin-dun-scenario-demographique-a-la-japonaise/

 

En effet, depuis 1860, Marseille étant la principale destination des Transalpins, il s’agissait d’une immigration d’origine piémontaise, puis napolitaine et sicilienne, à très forte composante de personnes pauvres. Aujourd’hui ce sont principalement des surdiplômés de toutes origines régionales qui cherchent à donner à leurs longues études un débouché devenu très difficile chez eux.

Et la France ? Elle s’en sort, mais de plus en plus difficilement. La population augmente doucement, mais régulièrement depuis la Libération. Son solde naturel diminue cependant et la population ne sera maintenue dans quelques années que grâce à l’immigration qui est actuellement d’environ 100 000 personnes par an pour quelque 67 millions d’habitants. Le graphique ci-dessous (source INSEE) marque la différence avec l’Italie. On voit aussi  que la différence   entre les décès et les naissances diminue. Rappelons qu’environ 300 000 français s’en vont chaque année vivre à l’étranger. Avec un taux de natalité (de 1,87 et en baisse tendancielle constante) inférieur à ce que les démographes définissent comme le minimum pour assurer le maintien d’un population (2,1), l’immigration, quoi qu’en disent certains, va devenir le seul remède face au déclin démographique. Cette réalité n’est pas qu’une courbe, elle implique, entre autres, une difficulté de plus en plus grande à financer les régimes de retraite.

Cette question des transferts de population permet à certains pays de stabiliser leur démographie, alors que d’autres s’écroulent. Que la Moldavie soit une victime de ce phénomène n’étonnera pas grand monde. En revanche que l’Italie soit déjà concerné par un déclin qui n’a rien à voir avec la décroissance ne fait pas l’objet d’une attention à nos yeux suffisante. Quant à notre « douce France », elle va devoir faire comme l’Allemagne, enrayer son déclin par un apport massif d’étrangers, pour l’essentiel venus du Nord de l’Afrique. Face à 67 millions de français, un apport de 670 000 étrangers, c’est-à-dire 6 fois plus que les chiffres actuels, ne constituerait qu’1% de la population. Mais, par les temps qui courent, à quoi sert-il d’opposer des arguments rationnels à celles et ceux qui pensent que la terre est plate, que les vaccins sont une machine de guerre contre l’espèce humaine et que nous sommes envahis par les Autres. C’est ainsi qu’on laisse mourir les Kurdes coincés entre la Biélorussie et la Pologne ou les femmes et les hommes de toute provenance qui se noient dans la Manche. La Pologne perd sa jeunesse, la Biélorussie vieillit aussi, mais elles sont victimes de cette haine de l’autre qui nous conduit aujourd’hui au pire que l’on croyait impossible dans une Europe pacifiée.

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article