Blog d'étude critique et académique du fait maçonnique, complémentaire de la revue du même nom. Envisage la Franc-Maçonnerie comme un univers culturel dont l’étude nécessite d’employer les outils des sciences humaines, de procéder à une nette séparation du réel et du légendaire et de procéder à la prise en compte de ce légendaire comme un fait social et historique.
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Jean-Pierre Bacot
C’est un nouveau dossier passionnant que nous réserve l’Idée libre. Jean-Marc Schiappa a travaillé sur les événements de 1943 en Italie. Tout a été bousculé au moment où les anglo-américains ont débarqué en Sicile en Juillet. Dès le mois de mars, les grèves s’étaient multipliées. Sentant le vent du boulet, les fascistes décidèrent de se débarrasser de Mussolini et ils le firent arrêter. Mais le successeur du Duce, le Maréchal Badoglio qui avait fait gazer des populations éthiopiennes en 1936, ne valait pas mieux et la répression s’abattit à nouveau sur le peuple révolté.
Maria Mantello étudie pour sa part la période prétendument socialiste du jeune futur Duce qui cachait en fait une idéologie nationaliste. Quant à Pietro Tresso, dit Blasco, il nous présente la naissance du fascisme italien entre 1918 et 1922, à partir d’un livre de A. Rossi. Tresso, trotskiste, fut assassiné en France dans le maquis par les staliniens locaux.
Alfonsina Bello s’est attaquée pour sa part aux luttes des paysans pour la terre entre 1943 et 1946. Le combat commencé contre les nazis obtint des résultats que les gouvernements italiens successifs cherchèrent à réduire. Maria Mantello enrichit le dossier avec une analyse de la période de constitution de la République. L’auteure considère qu’il ne faut absolument pas récrire les textes écrits à chaud, qui offrent de solides acquis à l’idée républicaine, malgré les progrès de l’historiographie.
Deux autres articles terminent un dossier très riche. Jean-Marc Schiappa tire le portait de Giulio Andreotti (1919-2013), archétype du politicien italien « jusqu’à la caricature ». Alain Vauchelle s’attaque à la couverture cinématographique des événements de 1943. Rossellini, Visconti, les frères Taviani, Bertolucci, tous les grands cinéastes transalpins ou presque ont apporté leur pierre à cette mémoire.
La traditionnelle rubrique « les hommes du Vatican » est consacrée à Jacques Maritain, théologien thomiste (1882-1973), un antimoderne adepte d’un personnalisme que reprendra Emmanuel Mounier (1905-1950), que l’on dit l’un des penseurs préférés du Président de la République française. Maritain fut un ami du Pape Paul VI et ambassadeur de France au Vatican.
Quant au portrait, il est consacré à l’écrivain Éric Vuillard, lequel revisite les grands moments de l’histoire. Michèle Singer nous présente son patient travail qui cherche à retrouver une ambiance, notamment avec des mots du registre lexical populaire.
Florence Regourd nous parle de Ferdinand Buisson, protestant libéral, porteur d’une idée d’éducation intégrale et d’une laïcité qu’il appliqua aux orphelinats qu’il créa dans une mixité très nouvelle pour l’époque.
Dernier article de ce numéro aussi riche qu’à l’habitude, une lecture évidemment critique par Fernando Estéban Lozada du modèle catholique de contrôle des naissances.
